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15 mai 2015

Richelieu et le couteau à bout rond

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Souviendez-vous !


Armand-Jean du Plessis de Richelieu, dit le Cardinal, naît le 9 septembre 1585 au nord de Paris. A moins que ce ne soit au Sud. Ou peut-être à l'Est. Ou dans un tout autre point dont il avait le secret.

Alors que son frère Alphonse-Louis préfère se tourner vers l'aventure monacale de la Grande Chartreuse, Armand-Jean est catapulté dans les ordres dans le seul but de conserver l'évêché de Luçon dans le giron familial, lui qui se destinait à une carrière militaire.

 

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Ci-contre : Richelieu enseignant Descartes à la Sorbonne. Son cours "J'essuie donc je hais" dépassa les frontières de la France.

Une invention plutôt canon
Installé dans son diocèse et dans l'ennui ouaté de sa robe purpurine après que le pape l'eut canonisé en avril 1607, Armand-Jean du Plessis trompe le temps de ce siècle vendéen en jouant aux petits soldats de fonte. Bien que le plomb existât, le jeune Richelieu marquait en effet une gène toute physiologique au contact de cette matière pourvoyeuse de saturnisme. Et d'aussi loin que les archives locales le rapportassent, là où il y a de la gène, y a pas de Plessis. Information toutefois à vérifier dans la mesure où "rapportassent" n'est peut-être pas la forme verbale la plus adaptée.

En ces instants, Armand-Jean se fait la remarque que si la canonisation fut bonne, elle retarde notablement le moment où le contact avec un tabouret redevient enfin plaisir. Il n'en faut alors pas plus au militaire qui sommeille en lui pour inventer le canon à boulet rond. Une audace inventive qui le fera s'opposer durablement au fringuant chef des armées, Louis II de Condé. Ce dernier dénoncera sans répit le désordre qui envahît alors les champs de bataille où d'ordinaire, les boulets reposaient dans le bel ordonnancement martial requis par leur fonction : la pyramide. Il faut préciser ici que les boulets étaient jusque là cubiques.

Une autre idée fumeuse
En août 1622, le Cardinal de Richelieu, las des draperies épaisses qui plongeaient les bois austères de son bureau et ses petits soldats dans l'étouffante pénombre d'une décennie dont l'obscurantisme n'en demandait pas tant, fait route sur Paris où il décide d'une importante phase de travaux à la Maison et Société de Sorbonne. La perfection circulaire de la chapelle lui donne des idées pour les salles de réunion. Armand-Jean invente la faculté en rond. Trois siècles et demi plus tard, des enfiévrés aux poumons asphaltés d'herbes rares s'y réuniront dans l'espoir gauche et gauchisant de renverser l'ordre établit à force de pavés lancés, alors qu'ils sont cubiques. On ne respecte plus rien.

Une vie sans secousses
Alors que la force de l'âge manifeste ses raideurs sous sa robe cardinale gavée d'un bel amidon, le quadragénaire Richelieu abandonne la baïonnette des ses amours de petits soldats pour tenter de se consacrer aux secousses de son goupillon auprès de la belle Marie-Madeleine de Vignerot d'Aiguillon, sa nièce. Il passe alors le plus clair de son temps à la convaincre d'accepter, ne serait-ce qu'un instant, d'être pénétrée par la parole christique. Pour commencer.

Bien que mal documentée par les historiens, cette période laissera à la postérité un bréviaire du Cardinal à l'adresse de Marie-Madeleine intitulé : "Dieu m'a donné la foi qui brûle au fond de moi ! La sens-tu bien, mon Aiguillon.".

Malgré une verdeur tardive, le Cardinal ne trouvera pas la voie à laquelle il aspirait au milieu des draps expiatoires de ses vertiges amoureux et en fut éternellement malheureux. Pour preuve de cet Eden, pour lui à tout jamais interdit par son Dieu, Armand-Jean n'aura même pas ce sursaut de génie qui traversa pourtant Gérard Brugnolles, dit Gégé De Pigalle, lorsqu'il inventa en 1915 les boules de geisha rondes. Avant, elles étaient cubiques.

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Ci-contre, une addiction connue des anti-Richelieu : la pétanque au cube

 

Le couteau à bout rond, une invention qui tranche avec l'époque
L'Histoire qui, sous son bonnet d'âne, préfère ne retenir que l'incontinente imbécillité de millionnaires indécents en shorts bleus galopants sous les vagissements de 60 000 ânes sous leurs bonnets un beau soir de 1998, oubliera donc consciencieusement la main de fer réformiste du Cardinal Armand-Jean de Richelieu qui marqua ce 17ème siècle. La coupe, et pas que du monde, n'est pourtant pas pleine des fulgurances créatives dont fut capable le calotté Cardinal.

J'en veux pour preuve le tournant sociétal prit sous son impulsion ce 13 mai 1610. Alors qu'il trône au bout de la table à laquelle sont vautrés ses convives obligés, Armand-Jean de Richelieu est soudain pris d'un agacement qu'il ne peut contenir à la vue de son confident François Leclerc du Tremblay. Celui-ci, après une éructation coqauvinesque adressée à la collectivité, entreprend une méthodique chasse aux résidus de volaille à l'orée de la forêt de ses chicots épars. Il est vrai qu'à cette époque, l'usage voulait que l'on se brossât le râtelier entre la poire et l'Armagnac. Sauf qu'en l'absence de la brosse à dents pas encore inventée, c'est le couteau de chasse à bout pointu qui remplissait la curatrice fonction. N'y tenant plus, le Cardinal quasi apoplectique invente sur le champ le couteau de table à bout rond afin que nul ne put plus jamais entreprendre en société un détartrage à coups de dague.

Depuis, la France éternelle vit une paix dont le rayonnement est sensible de Québec à Tananarive en passant par Tchernobyl, pourtant considérée comme imbattable en matière de rayonnements, tant il est devenu impossible de se trucider gaiement après le cassoulet dominical dans une salle à manger à cause que du coup, les couteaux, i' sont pas pointus, turlututu. Au point même que la baignoirophile Marie-Anne Charlotte de Corday devra s'acharner une après-midi entière à poursuivre Marat dans sa salle de bain, armée de son poignard émoussé, pour vérifier la flottabilité de l'ami du peuple le 13 juillet 1793.

Que fait-on d'un cerveau si fécond ?
Créatif incompris par ses contemporains, Armand-Jean ne fit pourtant qu’emprunter une voie déjà débroussaillée par François Ier et Henri III qui mirent respectivement à la mode l'assiette et la fourchette au siècle précédent. Il faudra cependant attendre le 19ème siècle pour voir apparaître les verres ronds sur nos tables. Avant, ils étaient carrés. Ce qui ne manquait pas de provoquer chez le sommelier qui mire la robe tournoyante d'un Côtes de Graves 1984 et se macule de gros rouge, la même stupeur que celle peinte sur le visage de l'amoureux des chiens qui cherche les toilettes et s'égare par hasard dans les cuisines d'un restaurant vietnamien.

Peu convaincu par Dieu et en partie vaincu par l'amour, Armand-Jean du Plessis de Richelieu consacrera le restant de sa vie à faire naître de son cerveau fécond les inventions les plus excitantes que l'hexagone peut aujourd'hui compter. A savoir :

Les ciseaux à bouts ronds grâce auxquels Jean-Eudes ne peut plus crever l'oeil de Clara qui aurait prétendument gribouillé sa trousse.

Le chapeau à bout rond, dont on affuble les bretons afin de ne pas les confondre avec les membres du Ku Klux Klan. Ces derniers se trouvent être moins balnéaires bien qu'ils soient souvent tentés d'accrocher de grandes choses molles et noires en haut de grands mats au prétexte que ça ferait comme si c'était des drapeaux de pirates.

Le mousquet à bout rond qui, s'il ne connut pas un succès retentissant à l'heure où blanchit la campagne, fit considérablement baisser le nombre de morts par duel. Duels qu'exécrait Richelieu au plus haut point.

La fourche à bouts ronds grâce à laquelle la paysannerie put enfin rester sans défense et se faire trépasser à répétition par l'armée du Roi à la moindre tentative de révolte antifiscale. Révolte antifiscale que Richelieu détestait à peine moins que les duels.

Le dragon du Roi à bout rond qui permit de rôtir à feu doux l'insupportable cohorte des miséreux occupés à ramasser les glands de leurs agapes protestantes sous le maquis. Protestantisme que Richelieu abominait à peine plus que la révolte fiscale.

Une vie richelieuse en somme.
Quoiqu'il faudrait sans doute vérifier l'exactitude de tout cela...

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